Canadian cops
Tout excité par le grand départ, je profite du duty free d Orly pour acheter une petite bouteille de vodka histoire de me détendre pendant le vol et de fêter tout ca! A bord, j'apprends par la chef de cabine que ce que je suis en train de faire est très très très très maaaal... Au moins je suis au courant, le truc c'est qu'on m'a toujours appris à ne pas gaspiller...
A l'arrivée, tout le monde se lève et attend l'ouverture des portes. L'hôtesse annonce alors: "Mesdames, messieurs, merci de bien vouloir regagner vos places, une personne se trouvant au milieu de l'appareil doit être évacuée.". J'ai d abord imaginé qu'une mamie avait fait un malaise ou quelque chose dans ce goût là. En fait tout ce boxon c'était rien que pour moi! Quelle délicate attention! A la sortie de l'appareil je suis accueilli en grandes pompes par au moins 8 cowboys canadiens à chapeaux ronds (par contre il n étaient pas en rouge comme sur la photo, comment cacher ma déception!?).
J'essaye d'inviter ces gentils gens à relativiser la situation, je n'ai fait que m'envoyer un demi litre de vodka sur 7 heures (les Strasbourgeois rirons sur cette ridicule quantité) prétextant une phobie de l'avion, je suis resté poli et courtois avec le personnel de bord... Vraiment rien de dramatique en somme! MAIS, "Vous n avez pas respecter les règles", c'est vrai que là, pour le coup ils marquent un point. Sur cette réponse sèche je commence à me demander si mon séjour aux amériques ne risque pas d'être beaucoup plus court que ce que j'avais imaginé.
J'ai droit à un entretient personnaliser avec ce qui devait être la chef de cette partie du bureau des douanes, on contact carrément mes contacts sur place pour vérifier que tout va bien... Pour finir je suis passé prioritaire partout, (fouille, bagages, tout tout tout) sans être inquiété de quoi que se soit, le sourire est une arme d'une rare puissance. Welcome to Canada!
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Voici le plan : décoller de Paris le 22 aout, atterrir à Montréal et me lancer dans traversée du continent américain en autostop.
Penses-tu ...
Il a bien fallu réfléchir un peu à cette histoire que j'imaginais vraiment moins compliquée quand elle était encore au stade du lointain projet.
Where?
La première question qu'il a tout de même fallut que je me pose c'était "Où ?". J'ai imaginé plusieurs débuts d'histoire. Un temps, je me voyais volontiers inaugurer un mode de transport que j'ai baptisé le "Road Squatting" pour m'élancer et laisser le destin décider de la direction que je prendrais. Le concept est simple : réussir à grimper sur un véhicule sans que le conducteur ne s'en aperçoive (genre sur un semi-remorque, entre la remorque et la cabine il y a tout à fait la place de se caler "confortablement" avec son sac). Je me serais bien vu partir vers l'Afrique aussi, tracer vers le sud, mais une fois encore sans même un semblant d'itinéraire. Tout ceci devait murir un peu. Plus récemment j'ai monté un premier itinéraire qui consistait à relier l’Asie du Sud-Est. Ça me paraissait plutôt bien dans le sens où j'aurais certainement pu tout faire en stop. J'étais assez emballé, j'ai monté un itinéraire approximatif jusqu'aux frontières ouest de l'Iran. Bien que les problématiques soient nombreuses (barrière linguistique, obtention de visas, sécurité, diplomatie...), je comptais m'en accommoder et tenter l'expérience. Cette idée fut mise de côté suite à une discussion avec mon grand-père, finalement je pars sur toute autre chose que je développerai dans le prochain article.
Quand?
Il m’a ensuite fallu me demander "Quand ?". Plus le temps passait plus je repoussais l'échéance et laissais s'échapper peu à peu mes occasions de vivre mon rêve comme je l'entendais. Comme je l'explique dans le post précédent, à la naissance de ce rêve, j'envisageais de lever les voiles après mon BAC. La raison m’a poussé à poursuivre mes études. Pour résumé j'ai étudié le tourisme pendant deux ans pour enchainer sur une licence informatique en alternance. Ayant pris conscience que de partir sans un sou en poche pouvait s'avérer super inconfortable, j'ai décidé de saisir l'opportunité que m'offrais mon entreprise d'accueil pour travailler encore 8 mois, histoire de mettre de côté. Un pari risqué à mes yeux mais quasiment primordiale pour profiter d'un confort minimum dans les moments difficiles. Ce CDD représentait donc la dernière étape avant mon départ.
Comment?
La question suivante fut "Comment ?". Depuis mon premier départ des Vosges pour le sud de la France je sais que je compte voyager en autostop. Ce mode de transport est à mes yeux le plus enrichissant qui puisse exister, il est source de rencontres souvent improbables, d'opportunités et j'ai même envie d'écrire de liberté (même si l'on reste paradoxalement super dépendant d'une certaine manière). C'est aussi un excellent motivant et un super moyen de s'ouvrir l'esprit. En effet, si l'autostoppeur et le conducteur ont la possibilité de se "choisir" mutuellement sur un jugement qui reste ma foi très subjectif, on ne sait jamais sur qui l'on va tomber, d'où un constant besoin d'adaptation et d'ouverture. Pour me loger je compte d'abord sur mon autonomie (tente et sac de couchage) mais aussi beaucoup sur des réseaux aujourd'hui bien connus comme Couchsurfing ou encore Hospitality Club.
Pourquoi?
La dernière question, qui pourrait aussi bien être la première, est certainement la plus difficile à laquelle répondre : "Pourquoi ?". Ça n'est pas évident de répondre à cette ça car cela touche à des sentiments profonds et difficiles à expliquer. Si je devais y répondre de façon spontanée je dirais : "Je le dois, j'en ai besoin". En creusant il y a moyen d'affiner un peu cette réponse. Je crois fermement que chaque Homme a en lui un irrépressible besoin de briller, un besoin de réalisation que j'appelle "Le Rêve". Il est indispensable dans un premier temps de se lancer dans cette quête du bonheur et de tenir le cap jusqu'à ce qu'on ait trouvé ce que l'on cherche. Proche du but on y trouve un sentiment que j'ai déjà palpé, "La Plénitude", un état de paix et de force intérieure qui rend alors tout réalisable. On brille, littéralement. La conscience du temps qui coule, le fait de réaliser qu'on ne fait que passer sur cette terre et que l'on est l'acteur principal de cette histoire pousse à la réalisation de nos rêves et à la prise en mains de nos vies.
Naissance
Depuis plusieurs années je suis animé par un rêve que je partage avec beaucoup d'autres de ma génération et des précédentes. Initialement le moyen d'y parvenir était flou mais l'intention bien réelle et tout aussi forte.
A 18 ans j'ai su que je partirais pour un incroyable voyage autour du monde, j'en avais déjà conscience. Je comptais obtenir mon bac et partir, avec ou sans argent, aller à la rencontre du monde, des cultures et vivre d'échanges, de générosité et de travail à la sueur de mon front.
Une fois mon bac en poche, comme pour repousser l'échéance, mais aussi et surtout par un soucis pratique, je poursuivis mes études et compensa mon désir de départ par des vacances en sac à dos en guise de préparation.
J'ai beaucoup parlé de cette volonté autour de moi à la recherche de conseils, de soutien, d'idées... Ce voyage à pour vocation d'être tourné vers l'échange mais il est aussi paradoxalement très égoïste. Il n'a en fait d'autre but que de satisfaire une envie de découverte du monde et de moi-même, un besoin d'accomplissement et de maturité. Toutefois, j'en dédie une part importante à mon grand-père qui s'est adressé à moi par trois fois concernant ce projet. Chacune de ses interventions ont ébranlés mes perspectives et dessins plus que toutes autres.
Sa première phrase à l'issue de mon baccalauréat fut la suivante :
"De manière générale le meilleur choix est souvent le plus difficile".
La seconde, deux années plus tard :
"Il y a deux manières de partir en voyage, l'une prend son sens dans la découverte, l'autre est une fuite".
La troisième, au noël 2011 se résumait à ces mots :
"Penses bien au but que tu comptes donner à ton voyage, au-delà du désir de découverte, d'échange et de maturité. Penses pratique".
La date approximative de mon départ fut fixée l'été de ma vingtième année. J'étais alors avec mon meilleur ami, adossés à cette colline qui m'a vu grandir. L'idée du temps qui passe et de l’accomplissement de nos rêves prenais de plus en plus de place dans nos pensées. Ce sentiment était parfois même source d'angoisse. Ce jour là, conscient de la force qui nous animait de part notre jeunesse et notre motivation, nous nous sommes fixé l'age de 25 ans pour avoir sérieusement commencé la réalisation de notre rêve respectif.